Il n'a pas su lui dire tout ce qu'il ressentait, lui si animal soudainement avec elle, avec cette envie si forte d'être en elle, d'être avec elle. Dès l'instant où il s'est garé devant chez elle, il avait l'impression d'être en fusion avec son corps. Oui un désir profond mais sensuel, une avancée charnelle, comme une fulgurance en plus des bises dont il la couvrirait, en plus des caresses discrètes sur sa robe, ici et là pour connaître, pour reconnaître sa lingerie ou son absence.
L'envie, ce non besoin mais cette force intérieure qui accompagnait ses sentiments, une pulsion de chair, de folie masculine pour son corps féminin. Il avait envie d'elle, et il ne doutait pas qu'elle le sentirait, dès l'ouverture de la porte, elle recevrait ses hormones en ébullition, pour elle, vers elle, tel un soleil explosant définitivement, un feu d'artifices silencieux, juste du bout des lèvres, un "bonjour" et un "j'ai envie de toi, là maintenant".
Elle aimait cela, il aimait cela parfois avec cette dualité terrible de ne pas être phase, de vouloir plus qu'elle, de sa disponibilité, de la zone rouge. Mais ils étaient devenus fusion depuis les premiers temps, depuis qu'elle lui parlait de sa vie sexuelle, qu'il écoutait et qu'ils partageaient leurs doutes communs, leurs envies communes, leurs caresses communes, leur futur sexuel commun. Des premiers pas, comme des premières fois, sans être adolescents, mais comme des adultes séduits l'un par l'autre. Souvent des caresses et des discussions sensuelles ou des moments si intenses, si doux, sans sexe mais si importants, parfois des cinq à sept doucereusement crapuleux, sous une couette anodine. Et parfois ces moments instinctifs, entre deux fauves, près à se dévorer, morceaux par morceaux, caresses après caresses, par leurs jeux de bouches et de lèvres ruisselantes, ils se mangeaient, se dégustaient, se lovaient l'un dans l'autre.
Aujourd'hui, il ne savait comment lui dire, car après l'amour, sur la route, il ne savait si son amour, son sexe dur et fortement décidé, n'était pas une extension de ses griffes, déchirant sa chair, se délectant de ses fesses, de ses seins, de sa bouche encore, toujours et encore, toujours en elle, encore plus. Oui il l'avait désiré, non comme un verre d'alcool pour se délasser mais comme cette ivresse totale, de la bouteille dans une main, du désir dans la bouche, des rêves embrumés devant soi, et surtout cette volonté de plonger dans le goufre sans revenir, sous les chutes alcoolisées. Sauter en elle, tomber et se noyer dans sa chair, être un avec l'autre corps, dans un tourbillon déraisonnable de folies, de vapeurs érotiques, de vagues irréelles, sans limites, mais toujours avec elle.
Mais comment lui dire, sinon avec quelques mots, un peu fous, un peu ivres, et tant de caresses sur elle, de coups de reins en elle.
"Oh que tu es mon délice, ma gourmandise", il parlait seul, dans sa voiture, mais il ne pensait qu'à elle.
Dormait-elle maintenant ?